Iran

Yazd

Carole & Mike

18 sep. 2018

Yazd

Arrivée à Yazd – 14.09.2018

Bienvenue dans la ville historique de Yazd, notre plus belle rencontre avec l’Iran ! Vieille de 3’000 ans av. JC, et considérée comme la seconde plus vieille ville au monde après Ur, en Mésopotamie, elle a préservé son architecture et ses croyances. Maisons en pisé, à toits plats, elle présente quelques similitudes avec le village d’Abyaneh (voir  Abyaneh ).

Nous avons quelques difficultés à trouver notre emplacement pour Antares car le GPS indique des ruelles à peine assez larges pour une motocyclette. Mais à force de contresens et de câbles arrachés, nous y voilà enfin, parqué devant l’historique Silk Road Hotel. Ici le parking est gratuit, l’utilisation des toilettes et de la douche de l’hôtel aussi, malgré que nous n’ayons pas de chambre dans l’établissement. Quel service !

Nous sommes KO. La journée s’est faite sur l’ancienne route de la soie, une route que même le GPS ne reconnaît pas comme telle, entre les deux déserts les plus arides de la planète le Dasht-e Lout et le Dash-e Kavir, le premier ayant enregistré des températures au sol jusqu’à 70 degrés. Un plaisir toutefois pour Antares.

Journée repos et rencontre de Victor – 15.09.2018

Les ruelles de Yazd présentent pour la plupart des façades borgnes sur rue. Mais lorsqu’on a la chance de pousser une porte alors s’ouvrent devant nous de généreuses cours intérieures, avec fontaines et plantation, comme une mini oasis au sein de chaque ménage. Il en va de même pour l’hôtel. Et avec la chaleur suffocante extérieure (près de 40 degrés), nous sommes heureux de trouver un minimum de fraîcheur dans cet espace fort accueillant et sympathique, à un tel point que nous décidons d’y passer la journée.

Vers 17h, tandis que les températures redescendent un peu, nous décidons d’assister au coucher du soleil sur les toits de la ville. C’est à ce moment que nous faisons la connaissance de Victor, un motard français, qui comme nous, parcourt les routes du monde et marque un temps d’arrêt au Silk Road Hotel. Nous nous lions tout de suite d’amitié. Nous le laissons s’installer et nous nous hâtons dans les ruelles de la ville. Alors que nous tentons de capter un signal GPS, un homme nous accoste et demande à nous aider. Il nous fait signe de le suivre et nous passons une de ces petites portes qui nous dévoile la cour intérieure de sa maison. Encore quelques signes de la main et au sommet d’un escalier en colimaçon, le panorama des toits s’ouvrent sous nos yeux, juste à temps pour voir disparaître le soleil à l’horizon, derrière les minarets de la mosquée Jameh. Wow, c’est magnifique !

Nous nous émerveillons aussi devant les bâdgir ou tours à vent, dont Yazd en est la ville par excellence. Il s’agit d’un système ingénieux utilisé pour créer une ventilation naturelle et rafraîchissante des locaux à vivre sous forme de tour en briques, ou en mélange de terre d’argile, de terre et d’eau, disposées au-dessus des toits. Nous en avions déjà vu quelques exemples dans les maisons historiques de Kashan (voir  Désert de Maranjab et Kashan ) mais ce n’est qu’une pâle copie de ce qui s’offre à nos yeux ici à Yazd. La plupart des bâtiments en sont équipés. J’invite les curieux à découvrir l’origine et le fonctionnement plus exhaustif de cette architecture adaptée à un milieu extrême ici . Nous remercions notre homme et sa famille pour leur accueil impromptue et terminons notre soirée au Marco Polo Rooftop Restaurant de l’Orient Traditional Hotel.

Les incontournables – 16-18.09.2018

Les deux jours suivants nous parcourons la ville à pied, accompagné de Victor, pour mieux en assimiler sa beauté. Il est difficile d’en donner un juste descriptif tant cet endroit nous a touché par son authenticité. Nous avons bien entendu visité les incontournables des guides touristiques mais ce sont les petites ruelles et les gens et les enfants rencontrés au détour d’un chemin qui nous ont le plus marqués. Voici quelques photos volées ci-et-là de ce lieu magique.

Figurant parmi nos principaux centres d’intérêt, et couplés au  bâdgir  sous forme de bassins enterrés, il y a aussi les citernes à eau et les “glacières” appelées  yakhchal , un stockage de glace souterrain, avec des murs de deux mètres d’épaisseur. Et oui, de la glace au milieu du désert en plein cagnard, non seulement c’est possible mais c’est efficace et écologique !

Parmi les incontournables, il y a quelques belles pièces d’architecture à n’en pas douter, comme par exemple la mosquée Jameh. Construite au 14e siècle, elle possède les deux minarets les plus hauts d’Iran (52 mètres) et est entièrement recouverte de faïence à dominance turquoise.

Un autre exemple est le Dowlat Abad Garden d’où l’on peut voir la plus haute tour à vent d’Iran. Du haut de ses 33 mètres, elle permet le rafraîchissement d’un joli pavillon construit selon le style original iranien. Le jardin réunit un bassin, des cyprès et différentes espèces de plantes. Pour le bémol, une partie importante du Dowlat Abad Garden et de ses bâtiments est interdite d’accès pour cause de rénovation sans que le prix d’entrée ne s’y soit adapté.

La prison d’Alexandre vaut aussi le déplacement, en tout cas pour ses extérieurs. Sans référence à Alexandre le Grand, ni à une prison, il s’agit en fait d’une ancienne école coranique du 12e siècle. A ses côtés se trouve le Mausolée des douze Imams.

Pour terminer et à ne pas manquer : les tours du silence. Situées à la sortie de la ville, elles étaient utilisées à des fins funéraires. Les cadavres étaient considérés par les Perses comme des objets impurs qu’on ne pouvait mettre en terre, jeter au feu ou à l’eau sans souiller un de ces trois éléments. Les corps étaient exposés dans ces tours pour y être dévorés par les vautours. Les os étaient alors rassemblés dans un ossuaire central.

Sans entrer dans le détail, voici encore quelques photos...

Il y a aussi quelques beaux pièges à touristes comme le temple d'Ateshkadeh, où un feu est maintenu allumé par des prêtres zoroastriens sans interruption depuis 470 av. JC. Jusque-là et sans remettre en question l’histoire de ce feu, tout va bien. Au-delà des croyances, il n’y a aucune mise en valeur de ce fait historique. Le feu n’est visible qu’à l’arrière d’une vitre, laquelle a tellement de reflet qu’il est à peine perceptible. La vitre en question se trouve dans un bâtiment dont seule une pièce est accessible et est protégée par une balustrade qui empêche toute approche à moins d’un mètre. Toutes les informations affichées dans la pièce sont en perse. Mais à 150’000 rials/personne l’entrée (environ CHF 1.20), nous ne leur en tiendrons pas trop rigueur ! Ils seront d’ailleurs rentabilisés par la visite surprise d’un réservoir d’eau à vingt mètres de là, au sous-sol d’un second bâtiment situé dans l’enceinte du jardin du temple du feu.

En ce temps de Muharram, nous accordons une parenthèse spéciale au Complexe Amir Chaghmagh qui regroupe une mosquée, un bazar, un caravansérail ainsi qu’un tekiyeh. C’est sur cette place qu’aura lieu dans trois jours la commémoration du martyr de l'Imam Hussain (voir  Ispahan et Désert de VarzanehMuharram et Ashura, c’est quoi ?) Chaque région a un élément de commémoration qui lui est propre. Pour Yazd, il s’agit du Nakhl, une énorme structure en bois, symbolisant le sarcophage de l’Imam Hussain et de ses hommes, recouverte de tissu noir sur lesquels sont suspendus dagues et épées. Le jour de la commémoration, ce sont des centaines de personnes endeuillées qui le portent.

Nous assisterons à la cérémonie de l’Ashura dans la ville de Chiraz qui a d’autres coutumes. Nous nous permettons donc par curiosité de mettre ici quelques photos tirées d’internet concernant le rituel de Yazd auquel nous ne participerons malheureusement pas. Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter la page du Nakhl-Gardani Ritual .

Mais avant de quitter Yazd, et curieux de ce début de commémoration, nous assistons à Meybod aux flagellations rituelles, dans le cadre d’une escapade didactique à l’intention des touristes. Très chorégraphiées et rythmées, elles se font à l’aide de petites chaînes appelées zanjir. En bonus, on nous gratifie d'un tour de la ville et d'un repas gratuit à la mosquée.

 
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