Islamabad, une fois...
Jour 1 / Arrivée en ville – 20.10.2018
Notre visa de transit est échu et il nous faut absolument nous rendre à Islamabad pour obtenir si possible une prolongation, sinon une autorisation de sortie du pays. Nous saluons et remercions Usman et sa femme pour leur hospitalité. Nous nous reverrons dans quelques jours. Wagha Border étant le seul lieu de transit entre le Pakistan et l'Inde, nous devrons repasser par Lahore.
C'est la première fois que nous évoluons seuls sur les routes du Pakistan et la voie rapide pour Islamabad est une autoroute très bien entretenue où tuktuks, tracteurs, chars, vélos, motos et camions lents n'ont pas leur place... Enfin ! Que c'est agréable !
II nous faut 6h pour rallier Islamabad, – qui signifie la ville de l’Islam en ourdou –. Nous arrivons de nuit et décidons de nous installer au Jasmine and Rose Garden. Ici Lahana aura tout le loisir de s'amuser et de grimper aux arbres, loin du trafic.
Nous sommes à peine parqués qu'on vient frapper à notre porte. Sheraz se présente à nous. Ses amis et lui sont réunis dans le parc pour jouer aux cartes et partager un repas et nous sommes cordialement invités à les rejoindre. Nous apprenons qu'il s'agit là d'un petit rituel quotidien où une dizaine à une quinzaine de copains se retrouvent quelques heures après le travail.
Et c'est ainsi que, pendant deux semaines, s'installe une espèce de routine où nous profitons du parc la journée, nous nous occupons de nos démarches administratives et le soir venu, Mike rejoint ses nouveaux amis pendant que la minette et moi, nous nous faisons des soirées filles dans le camion.
Jour 2 / Repérages – 21.10.2018
Sheraz travaille au Aabpara Market qui se situe à deux pas de notre emplacement et se trouve être le plus vieux marché d’Islamabad. Nous nous y promenons et faisons nos premiers repérages.
Jour 3 / Ambassade de Suisse et épisode 1 Exit Letter – 22.10.2018
Nous rendons visite à notre ambassade de Suisse. Il faut savoir qu'à Islamabad, toutes les ambassades sont réunies dans ce qui s'appelle l'Enclave Diplomatique. Pensant bien faire, nous prenons Antares. Seulement voilà, on ne pénètre pas dans ce secteur avec son camion comme ça. Après trois boucles autour du quartier et un nombre incalculable de refus, nous atteignons finalement notre ambassade à l'heure de la pause dîner... et à pied. Faisant contre fortune bon cœur, nous partons nous restaurer. Et là... sous nos yeux pétillants et impatients, Loafology Bakery & Cafe... l’équivalent d’une boulangerie française... après huit mois de voyage, les mots nous manquent... cette odeur, ce goût de pain frais et si reconnaissable, qui vient chatouiller nos narines et régaler nos papilles... miam !
Rassasiés et requinqués, nous rebroussons chemin et après les fouilles d'usage, nous voilà enfin sur sol helvétique : c'est sobre, c'est propre, c'est architecturalement bien réalisé, sans bavures, ni mauvais goûts, il y a des branches cailler et du bon café. Il n'y a plus de doute, nous sommes bien à la maison ! Les touristes ne pleuvent pas les rues, c'est donc avec beaucoup de curiosité et d'enthousiasme que nous sommes reçus, tant et si bien que nous perdons la notion du temps et arrivons trop tard au Ministry of Interior Pakistan, R-Block, Constitution Ave (horaires lundi à vendredi 8h00-16h00). Les guichets sont fermés, il faudra revenir demain...
Jour 4 / Episode 2 Exit Letter – 23.10.2018
Nous renouvelons notre trajet au Ministry of Interior Pakistan mais en taxi cette fois, conduit par un des amis du parc. On nous balade sur le site. Et nous finissons par trouver notre point de chute. Une petite cahute à l'entrée du quartier qui se trouve être le Visa Counter, juste après le parking et le poste de contrôle. C'est bondé. Mais à la bonne méthode pakistanaise, nous passons devant tout le monde et allons nous renseigner directement au guichet. Nous souhaiterions faire prolonger notre visa d'un mois, afin de nous rendre dans le nord, nous rapprocher des montagnes, et pourquoi pas, voir le K2, le deuxième plus haut sommet du monde. On nous a aussi vivement recommandé la Vallée de la Swat, connue également sous le nom de Petite Suisse pour ses paysages verdoyants et son relief vallonné. Et enfin, il y a la Route du Karakorum, une portion de Route de la Soie, au top 10 mondial des routes à sensation – nids de poule, ornières, glissement de terrain, bandits de grand chemin et précipices –, qui figure pourtant dans les incontournables du Pakistan au Lonely Planet.
Mais nous allons vite déchanter... Il faut un visa touristique pour poursuivre notre périple pakistanais : impossible de modifier notre visa de transit en visa touristique. Il faudrait pour cela sortir du pays et revenir avec le bon visa. De plus, on ne nous autorise qu'à deux semaines supplémentaires dans le pays : difficile d'envisager quoi que ce soit dans un laps de temps aussi court. Et enfin, on nous annonce les premières fermetures de route à cause des premières chutes de neige et des premiers glissements de terrains, ce n'est donc vraiment pas une bonne idée.
Nous remplissons la demande pour les deux semaines d'octroi de séjour supplémentaire, retournons en ville pour faire les photocopies des documents demandés et finalisons notre dossier en précisant que nous voyageons par voie terrestre. Notre visa de transit ne sera pas prolongé, nous recevrons juste une Exit Letter, nous autorisant à quitter le pays.
Jour 5-6 / Klaxons, oh mes beaux klaxons ! – 24.-25.10.2018
Dans l'attente de notre lettre, Mike s'adonne à de nouveau travaux sur Antares. Il a décidé de le doter de puissants klaxons car ici, c’est un sport national. Ils nous serviront aussi grandement en Inde. En fait, ils rendraient sourd un malentendant ! Mike s’amuse comme un gosse et ça fait plaisir à voir.
De mon côté, manque de pot, je chope une méga grippe. Je suis clouée au lit et à la vue de mon état, je pense que ça va bien durer quelques jours.
Jour 7 / Épisode 3 Exit Letter – 26.10.2018
Toujours clouée au lit, je ne peux accompagner Mike au Visa Counter. Il revient bredouille quelques heures après... La lettre a bien été établie, malheureusement et malgré notre demande, elle mentionne l'aéroport au lieu du passage en douane terrestre... Il est vendredi et nous n'obtiendrons plus rien avant le week-end !
Jour 8-9 / Week-end à l'ombre des arbres – 27.-28.10.2018
Mike, motivé comme jamais, poursuit ses menus travaux sur Antares. Aujourd'hui, il entreprend le montage de gouttières pour dévier l'eau des fenêtres lors des épisodes pluvieux. Dans la lancée, on finit par vider la douche de tous les matériaux, cartons, stocks, etc. qui l'encombrent, croyez-le ou non, depuis notre départ de Suisse, il y a sept mois. Nous n'avons, jusqu'à présent, jamais eu l'occasion de l'utiliser, car nous avons toujours trouvé une alternative : douches chez les particuliers que nous avons rencontrés, dans les campings ou les espaces publics, ou alors à l'extérieur du camion sur les plages. Ici et pour la première fois, ces options n'existent pas. Nous allons donc pouvoir la tester !
De mon côté, ça va un peu mieux. Du coup, nous profitons de ce beau dimanche ensoleillé pour manger avec Ursel et Janus, un couple allemand, installé sur le même parking que nous avec leur Iveco Daily II 4x4 – tellement petit comparé à notre Antares – et également en attente de documents pour garantir leur retour au Pakistan après leur voyage en Inde. Ils en sont à leur troisième déplacement en Asie (http://asienreisende.de) et donc au Pakistan, un pays qu'ils apprécient particulièrement. Une belle occasion de partager nos expériences de voyage et surtout le plaisir de nous retrouver entre Européens, pendant que Lahana chasse les écureuils.
Jour 10 / Épisode 4 Exit Letter - 29.10.2018
Nous voilà de retour au Visa Counter. La lettre est toujours émise pour l'aéroport et pas pour la douane terrestre. On nous envoie dans le bâtiment du Ministry of Interior Pakistan. Nous rencontrons une femme dans un des bureaux de l'administration. Il y a des piles de demandes de visa haute de plus d'un mètre, posées à même le sol, les photos et coordonnées des gens à la vue de tous... bonjour la privacité des données !! Nous nous faufilons au milieu de ce labyrinthe bureaucratique jusqu'à son bureau et lui expliquons notre cas. Elle nous fait patienter pendant la rédaction de la lettre corrigée. Nous en profitons pour tenter une nouvelle fois notre chance pour une autorisation d'aller vers le nord, avec la demande cette fois d'un NOC (non-objection-certificate), comme celui que nous avions obtenu à Quetta. Pour cela, il faut nous rendre à l'étage inférieur. Malheureusement, rien n'y fait. Il nous faudra nous contenter de notre Exit Letter maintenant à jour et accepter notre sortie du pays.
Le soir, nous retrouvons Ursel et Janus, et après près de trois mois sans alcool, nous improvisons un apéro bien arrosé dans le camion.