Ispahan et desert de Varzaneh
Muharram et Ashura, c’est quoi ?
Petite parenthèse religieuse nécessaire en ce temps de Muharram. Il s’agit du quatrième mois sacré du calendrier arabe. Le dixième jour de Muharram est connu sous le nom de Ashura, qui commémore la bataille de Karbala en Irak et le massacre de l’Imam Hussain, tué et décapité après avoir subi la soif et l'oppression pendant plusieurs jours. Il est un des douze imams considérés par les Chiites comme successeurs spirituels et politiques du prophète Mahomet. Muharram est sûrement la fête religieuse la plus importante aux yeux des Chiites. Sa manifestation se fait dans toutes les villes et dans tous les villages, notamment pendant les dix premiers jours du mois et ce, sous plusieurs formes : vêtements noirs, processions, chants, tambours, banderoles et drapeaux noirs dans les rues, mosquées et bazars évoquant le martyr de l’Imam Hussain, ainsi que thé et repas distribués gratuitement après les cérémonies, notamment aux gens les plus pauvres. Il est impossible de s’y soustraire et, nous l’avouons, c’est même une expérience plutôt enrichissante. Ceci étant dit, vous trouverez plusieurs marques de cette manifestation dans nos photos.
Ispahan – 11-13.09.2018
Nous ajoutons quelques kilomètres à notre compteur et rejoignons Ispahan, troisième ville d’Iran et capitale de l’empire perse entre le 16e et le 18e siècle. Nous nous parquons au centre-ville à l’ombre des arbres du parking de l’hôtel Abbasi. A notre grande joie, nous apprenons que Sébastien, notre ami français rencontré aux portes du désert (voir Désert de Maranjab et Kashan ) a pris une chambre dans l’hôtel du même nom. Quelle coïncidence ! Nous passons notre première soirée ensemble : dégustation du Ash Reshte (soupe épaisse composée de nouilles fines, de fayots et d’herbes aromatiques) dans la magnifique cour de l’hôtel Abbasi...
... et visite de nuit du pont Allahverdi Khan ou « pont aux trente-trois arches » (Si-o-Se Pol) construit en 1608. Il est l’un des onze ponts d’Ispahan. Nous aurons l’occasion de le voir aussi de jour : spectacle impressionnant de ses arches en fond de décor des terres arides et du sol asséché depuis plus de deux ans au profit des champs et des cultures situés en dehors de la ville.
Le lendemain, nous passons notre journée en compagnie de deux étudiantes en architecture fraîchement diplômées, Lia et Rana, qui se proposent de nous faire découvrir la ville. Elles nous emmènent d’abord voir un palais royal safavide du 17e siècle qui était utilisé pour les cérémonies de couronnement et pour la réception des ambassadeurs étrangers. A l’extérieur, vingt colonnes de bois se reflètent dans le bassin du jardin attenant d’où son nom : Chehel Sotoun, qui signifie quarante colonnes. La salle d’audience est richement décorée et présente de nombreuses peintures murales représentant la puissance et le courage des souverains et de leurs guerriers.
La visite se poursuit au Naghsh-e Jahan Square, ou place de l’Imam, une des plus grandes places du monde : 560 mètres de long pour 160 mètres de large. Elle est entourée par des monuments historiques importants de l’époque safavide, réunissant en un même lieu les pouvoirs religieux avec la mosquée du Shah, commerciaux avec le Grand Bazar et monarchal avec le palais Ali Qapu. La mosquée du Cheikh Lotfallah complète l’ensemble architectural.
Ispahan est réputée pour son artisanat local. Il y en a pour tous les goûts : tapis persans, émaillage sur cuivre (Mina Kari), gravures (Ghalam Zani), porcelaine, art pictural (Qalam Kari), filigranes ou encore marqueterie fine (Khatam Kari). Si nous apprécions la qualité des produits présentés, nous avons de la peine à faire comprendre aux commerçants que nous voyageons et qu’il ne nous est pas possible de stocker de souvenirs dans notre camion déjà oh combien trop chargé ! Il faudra nous contenter de nos quelques photos.
En fin de journée, nous dégustons des donuts chez Hamad, un ami de Lia et Rana avant de nous rendre au Soffeh Mountain Park pour une vue nocturne et panoramique sur Ispahan. Merci à nos guides d’un jour pour la sympathique journée passée en leur compagnie !
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Varzaneh Desert – 13-14.09.2018
Le lendemain, nous acceptons une invitation à nous rendre dans le désert pour participer à une soirée sous les étoiles avec barbecue au feu de bois et décidons de ce fait d’écourter notre séjour en ville. C’est une occasion pour nous d’être témoin d’une vie « à l’écart » d’un régime politique auxquels tous n’adhèrent pas forcément.
Notre enthousiasme sera cependant de courte durée. Nous arrivons à Varzaneh Desert en début de soirée. L’adresse qui nous a été communiquée correspond à un site sous enceinte pour lequel il faut payer une entrée. L’emplacement est largement éclairé et plusieurs familles sont installées. Rien à voir avec notre idée de liberté estudiantine dans les dunes sous les étoiles...
A minuit, nous attendons toujours nos hôtes. La faim est grandissante mais selon les dernières nouvelles, ils sont sur la route... Je cède au sommeil peu après alors que Mike attend jusqu’à 4h !
Au petit matin, nous sommes réveillés par les quads, les motos et les véhicules tout-terrain venus s’amuser dans les dunes pour le lever du soleil... et toujours pas de nouvelles de nos hôtes !
A 10h30, nous recevons enfin un message : leur véhicule s’est apparemment ensablé, loin de tout réseau de communication et on ne leur a porté secours qu’au petit matin. Étonnant pour des habitués du coin ! D’autant plus que le « petit matin » est passé depuis longtemps et qu’ils auraient pu avoir la gentillesse de venir s’excuser en personne...
Il y a comme un goût de taarof dans l’air (voir Frontière turco-iranienne ). Nous avons en tout cas l’impression d’être les dindons de la farce ! Essayons d’en faire contre mauvaise fortune bon cœur : les dunes sont magnifiques et elles valent à elles seules le déplacement.