Sihanoukville
La mort d’une cité balnéaire – 09.10.2019
Nous pensions avoir tout vu avec l'Inde. C'était sans compter sur Sihanoukville. En pole position de l'horreur, la ville est vraiment devenue un lieu à fuir à tout prix. Les Chinois ont mis main basse sur la cité cambodgienne à tel point, que n'y vit aujourd'hui presque plus que leur ethnie. Décharge à ciel ouvert, la ville est un dépotoir dont rues et trottoirs sont recouverts de déchets. C'est absolument insalubre, sans parler de l'odeur pestilentielle qui s'en dégage... A l'horizon, les grues se comptent par centaines et témoignent de la rapide et désastreuse croissance du lieu. Les casinos se suivent et se ressemblent dans une architecture chinoise qui ne laisse aucune place au doute. Les Chinois viennent se livrer ici aux vices et déboires que ne leur permet pas leur pays. Les charmants et petits hôtels d'autrefois, pourtant neufs il y a 5 ans lors du dernier passage de Mike dans la région, ont été démolis au profit de gigantesques immeubles au goût douteux. Les belles avenues sont devenues des rues détruites par le passage innombrable des camions de chantier, défoncées, boueuses à souhait avec des nids de poule allant jusqu'à 60 cm de profondeur. Nous arrivons de nuit dans la cité et ne pouvons malheureusement pas témoigner en images de l'ampleur de la catastrophe. C'est peut-être mieux ainsi...
Et si tout ça ne suffisait pas, les belles plages au caractère sauvage ont elles aussi fait place aux tours chinoises. C'est un désastre écologique sans pareil : végétation arrachée, écosystème détruit et réserves naturelles en sursis. A Otres Beach, quelques bungalows se battent encore au milieu des nouveaux blocks locatifs et hôtels surgis de terre, prisonniers de leurs semblables abandonnés ou dévastés mais pour combien de temps encore ? Les occidentaux ont déserté les lieux depuis un moment déjà, ne laissant derrière eux que quelques vagues souvenirs d'une ère plus sereine et heureuse comme les enseignes conviviales qui ont fait place aux sigles chinois que beaucoup ne se donne même plus la peine de traduire ne serait-ce qu'en Khmer.
C'est la désolation complète. Cela fait une année et demi que Mike attend ce moment. La déception est grande et plus grande encore est la douleur. Comment l'être humain peut-il en arriver là ? Vile perversion... Le Golfe de Thaïlande et ses eaux turquoises n'y changeront rien. L'envie de se poser et de se baigner s'est envolée. Aussitôt arrivés, aussitôt repartis de Sodome et Gomorre, et ce, sans se retourner...
Arrêt improvisé pour réparation – 09.10.2019
Les routes cambodgiennes mettent Antares à rude épreuve. Sihanoukville à elle seule aura eu raison de trois boulons sur la roue arrière droite de notre camion.
Nous faisons une halte improvisée vers le premier établissement qui ressemble à un garage et où nous apercevons deux gaillards avec des salopettes plein de cambouis. Nous leur demandons s’ils ont la possibilité de nous arranger ça. Étonnamment, ils sont remarquablement bien outillés. En deux temps trois mouvements, les boulons sont remplacés et nous pouvons reprendre notre route en direction de Kampot.